2009 

Année Mondiale de l'Astronomie

 

L’année 2009 a été déclarée « Année mondiale de l’Astronomie » par les Nations Unies et l’Unesco sur proposition de l’Union Astronomique Internationale.
Quelles en sont les raisons ?

Cette année marquera l’anniversaire de deux grands événements qui ont profondément marqué notre civilisation. Nous fêterons, en effet, le 400ème anniversaire de l’invention de la première lunette astronomique ainsi que le 40ème anniversaire du premier pas de l’Homme sur la Lune. Ces deux avancées ont changé radicalement notre compréhension de l’univers.
 


Qu’est-ce que l’astronomie ?

Depuis les temps les plus reculés, l’Homme s’est toujours interrogé sur son environnement et sur son passé. D’où venons nous ? Comment tout cela a-t-il été créé ? etc.
Toutes les civilisations ou peuplades ont développé des croyances à ce sujet.

Les hommes observaient déjà le ciel il y a des dizaines de milliers d’années. Les mouvements journaliers du Soleil et la Lune étaient connus.
L'aspect du ciel nocturne, composé de points lumineux (les étoiles), n'était pas le même tout au long de l'année, certaines étoiles n'étaient visibles qu'en été, d'autres uniquement en hiver.
En examinant ces différentes positions et le lever du Soleil, les anciens se rendirent compte que la position de ces étoiles dans le ciel varie jour après jour.
Pour retrouver les positions initiales, il faut attendre un cycle complet des saisons. Cette observation a permis de créer un « calendrier », très utile pour l’agriculture, qui rendit possible la prévision des semis ou des récoltes aux moments les plus favorables.

A ses débuts, l’astronomie est juste un outil de mesure du temps. Les premiers astronomes ont commencé à noter les différents mouvements des astres et se sont rendus compte que les trois intervalles de temps de base, le jour, le mois défini par le cycle lunaire et l'année, n'étaient pas compatibles entre eux. L'année ne correspondait ni à un nombre entier de mois, ni à un nombre entier de jours.
La réalisation des calendriers fiables nécessitait une observation minutieuse du ciel comme en témoignent les écrits attribués aux Mésopotamiens, aux Égyptiens et aux Chinois.
Pour mieux se repérer dans la voûte céleste, des astronomes regroupèrent certaines étoiles, de façon arbitraire, pour former des figures reconnaissables : les constellations.

Mais la question de la création et du fonctionnement du monde restait en suspens.
Du mouvement apparent des astres dans le ciel est né tout un ensemble de théories, plus ou moins fantaisistes, qui avaient toutes un point commun : la Terre est le centre de l’Univers !

Mettons-nous un peu à la place de ces premiers astronomes qui devaient, sans aucun moyen sophistiqué d’observation et sans aucune base théorique, imaginer l’Univers.

L’analyse du mouvement de ces astres eut pour autre conséquence la croyance selon laquelle ils pouvaient avoir une influence sur la vie des hommes.
En effet, le Soleil, la Lune et les étoiles étaient considérés comme des phénomènes naturels comme la pluie. De ce fait, la position des astres dans le ciel avait une influence cachée sur notre destin : ainsi naquit l’astrologie.
Astrologie et astronomie sont alors étroitement liées.

Toutes les représentations du monde imaginées par ces civilisations avaient en commun de se limiter à une description des apparences. Elles ne cherchaient ni à découvrir de loi sous-jacente ni à élaborer une explication rationnelle du monde.
Les hommes subissaient le ciel et, à l’aide de l’interprétation des positions des astres, cherchaient à deviner l’avenir.

Les premiers astronomes qui tentèrent de trouver un ordre à l’Univers furent les philosophes ioniens (VIIème siècle avant notre ère) comme Thalès de Milet, Anaximandre et Anaximène.
Les premières représentations proposées essayaient de faire correspondre les observations avec les calculs théoriques. Souvent fantaisistes, elles avaient cependant l'immense mérite de vouloir expliquer le monde à partir des lois naturelles, préférées à la magie ou aux caprices des dieux.
 

Un pas en avant fut accompli un siècle plus tard par Pythagore et ses disciples, avec une première théorie du mouvement des corps célestes, appelée « l'Harmonie des Sphères ». Dans cette théorie, la Terre était une sphère placée au centre du monde. Autour d'elle, on trouvait une succession de sphères cristallines (sphères solides creuses et transparentes) qui portaient chacune un corps céleste, dans l'ordre : la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Enfin, la dernière sphère était supposée porter les étoiles fixes.

 

Toutefois les observations des astronomes ne correspondaient pas en tout point à la réalité. Ils durent modifier constamment ce système, le rendant de plus en plus complexe.

Aristote (IIIème siècle avant notre ère) arriva presque à reproduire la réalité du ciel en utilisant 55 sphères autonomes toutes en rotation les unes par rapport aux autres. Son système avait néanmoins un défaut majeur : il était incapable d'expliquer les variations de luminosité apparente des planètes. La réponse fut fournie par Ptolémée au siècle suivant en positionnant les astres non plus sur des sphères mais sur un petit cercle dont le centre tournait autour de la Terre sur un grand cercle.



Ce système, d’une grande complexité, permettait d’expliquer les variations de luminosité des planètes en démontrant leurs variations de distance par rapport à la Terre ; il résista pendant plus de 2000 ans.
Héraclide proposa une nouvelle théorie : la Terre n’était pas immobile, mais elle tournait sur elle-même. La rotation apparente de la voûte céleste en un jour s'expliquait alors de façon beaucoup plus naturelle.
Aristarque de Samos alla encore plus loin dès le IIIème siècle avant notre ère. En appliquant des raisonnements géométriques aux corps célestes, ce philosophe grec fut en mesure de déterminer les distances relatives de la Lune et du Soleil. Il mit également en évidence le fait que notre étoile était beaucoup plus grande que la Terre.
Or, Aristarque de Samos avait du mal à se persuader qu'un objet énorme pouvait tourner autour d'un corps beaucoup plus petit. Il rejeta donc le système d'Aristote et en proposa un nouveau dans lequel le Soleil était le véritable centre du monde, et où toutes les planètes, sauf la Lune, gravitaient autour de ce centre.
Cette vision exacte du système solaire fut cependant rejetée au profit de celle d'Aristote et la science prit deux millénaires de retard.
La Terre devait rester au centre du système solaire pendant tout ce temps. Cette position centrale renforçait l’idée que l’Homme est la plus belle création de Dieu et que notre monde ne pouvait qu’être au centre de tout !
L’emprise de l’Eglise calma toute volonté de changement de cette théorie « parfaite ».

L’astronomie (-logie) n’est pas encore, à proprement parler, une science. D’ailleurs les astronomes sont surtout des philosophes, mathématiciens à heures perdues et bien sûr astrologues.
Tous les puissants du monde disposaient alors de leurs « mathématicus » dont l’activité principale était de créer des éphémérides (calendriers), les thèmes astraux pour chaque événement important et, accessoirement étudier le fonctionnement des astres.
Même les plus reconnus d’entre eux, tels Nicolas Copernic, Tycho BRAHE et Johannes Kepler pour qui les liens entre les planètes et les hommes n’étaient que pure superstition, ont dû se plier à ces exercices. Il fallait bien manger !
 

Nicolas copernic (1473-1543)

 

Le premier accroc à cette belle théorie de Ptolémée fut le fait du chanoine polonais Copernic qui, après l’étude de nombreux relevés stellaires réalisés par les anciens, émit l’hypothèse insensée pour l’époque, que la Terre n’était pas au centre du système solaire mais seulement une planète comme les autres, tournant autour du feu central : le Soleil.


La grande révolution copernicienne est en marche…


Mais, toutes ces théories n’étaient que des vues philosophiques de notre ciel qui, en l’absence de preuves tangibles, ne permirent pas de prendre à défaut l’ancestrale proposition de Ptolémée.

Au début du XVIIème siècle, des savants hollandais eurent l'idée d'utiliser un jeu de lentilles pour construire un instrument optique capable d'agrandir les images : une lunette.
Ce nouvel instrument était surtout destiné aux militaires, leur permettant d’anticiper les mouvements des ennemis.
Un astronome italien, Galileo Galilei dit Galilée, adapta cet instrument à l’observation des astres. Contrairement à la lunette hollandaise, celle-ci ne déforme pas les objets et les grossit six fois, soit deux fois plus que sa concurrente.



« Un grand pas pour l’humanité »



Grâce à cette lunette, Galilée fit un nombre important de découvertes essentielles à la compréhension de notre système solaire :
- la voie lactée n’apparaissait pas comme une tâche laiteuse mais composée d’un nombre important d’étoiles ;
- la surface de la Lune n'était pas lisse mais présentait des montagnes et des cratères ;
- la planète Jupiter était accompagnée d'un cortège de quatre satellites en orbite ;
- la planète Saturne n'apparaissait pas sphérique mais présentait un disque déformé ;
- la planète Vénus n'avait pas toujours le même aspect mais présentait des phases successives tout comme la Lune ;
- le disque du Soleil n'était pas uniforme mais parsemé de petites taches sombres.

Les observations de Galilée furent le coup de grâce pour la conception aristotélicienne du monde. Les taches sur le disque solaire ainsi que les montagnes et les cratères de la Lune, prouvaient que les corps célestes étaient loin de la perfection qu'Aristote leur attribuait.
Les satellites de Jupiter apportaient la preuve que la Terre n'était pas le centre de tous les mouvements célestes.
Enfin, les phases de Vénus ne pouvaient s'expliquer que si cette planète tournait autour du Soleil, pas autour de la Terre.

Galilée décida de publier ses découvertes en exposant le nouveau système solaire dans lequel la Terre perd définitivement sa position centrale. Copernic avait donc raison !
Mal lui en prit, il fut convoqué devant l’Inquisition pour hérésie et dut, pour éviter la mort, renier ses conclusions (La réhabilitation de Galilée n’eut lieu que sous la papauté de Jean-Paul II, le 31 octobre 1992).

Le ver est dans le fruit et le système d’Aristote est peu à peu abandonné au profit de celui de Copernic encore en cours aujourd’hui.
Dès lors les instruments s’améliorèrent régulièrement en dévoilant, à chaque fois, un nouveau pan de notre Univers.
Galilée est considéré comme le père de l'observation astronomique.
C’est pourquoi, nous lui rendons hommage cette année.

Un autre « grand pas pour l’humanité » a eu lieu il y a juste 40 ans.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un homme a posé le pied sur un autre astre que notre bonne vieille Terre : Neil Armstrong suivi par son coéquipier Buzz Aldrin.



Cette extraordinaire aventure doit malheureusement son origine à la deuxième guerre mondiale.

 


Les forces allemandes développèrent une arme redoutable, le V1 qui causa un grand nombre de destructions à Londres. Puis une nouvelle version à vu le jour sous la houlette de l’ingénieur Werner Von Braun : le V2.

Après la défaite des Allemands, tous les ingénieurs et ouvriers ayant participé au développement de cette arme ainsi que les matériels furent « récupérés » soit par les États-Unis, soit par l’URSS et aussi, dans une moindre mesure, par la France.
Les 6 et 9 août 1945, les États-Unis larguèrent deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.
Les gouvernements se rendirent compte de la puissance de ce type d’armes et aussi qu’il serait stratégiquement judicieux de disposer d’un moyen de délivrer cet armement depuis le sol national au moyen de missiles balistiques.
La guerre froide battait son plein et chaque camp essaye de disposer le premier de cet arsenal afin d’asseoir sa suprématie.
Werner Von Braun, dans le camp des Américains, et Serguei Korolev, dans celui des soviétiques, dirigent les équipes de recherche. Sous couvert de l’Année Géophysique Internationale, le défi de mettre en orbite un satellite est lancé mais le but non avoué est bien sûr de disposer d’un lanceur capable d’emporter une charge hors de l’atmosphère...

Spoutnik (URSS) sera le premier satellite artificiel de la Terre en 1957. Piqués au vif, les Américains, par la voix de J.F. Kennedy lancent un nouveau défi : la conquête de la Lune.
D’énormes moyens vont dès lors être mis en œuvre pour aboutir le 21 juillet 1969 à ce premier pas.
Match nul !
 


Tous ces développements nous permettent de disposer actuellement de moyens de lancement, de technologies adaptées à l’Espace et de connaissances fondamentales sur notre environnement stellaire proche.
L’astronomie en bénéficie largement grâce à l’envoi de sondes spatiales en direction des différents objets du système solaire pour nous permettre d’étudier in situ des mondes étrangers.

Galilée (avec sa lunette) et la Conquête de la Lune ont repoussé un peu plus loin la limite de nos connaissances.
Merci à tous les protagonistes.

L’astronomie est une science complète. Nous pouvons y trouver tout un ensemble de domaines qui couvrent l’observation, la cosmologie, l’astrophysique, l’exobiologie, etc.

À coté des astronomes professionnels se trouve un nombre très important d’amateurs partout dans le monde qui chaque soir scrutent le ciel à la recherche de réponses.
L’astronomie étant un sujet très vaste, chacun peut se spécialiser dans la discipline qui lui convient.
Certains veulent à tout prix comprendre comment cela fonctionne, d’autres sont plus attirés par la beauté du bestiaire céleste qui se propose à notre regard, d’autres encore sont fascinés par le travail des anciens, …
Mais, partout, il y a des passionnés qui veulent faire partager leurs connaissances au plus large public.


Que va-t-il se passer cette année ?

L'objectif de l’année mondiale de l’astronomie (AMA09) est de stimuler l'intérêt du public, particulièrement parmi les jeunes, pour l'astronomie et la science sous le thème central "l'Univers, découvrez ses mystères".

Près de cent vingt pays participent à l'organisation de l'Année Mondiale de l'Astronomie en 2009 !
Un très grand enthousiasme anime tous les amoureux du ciel.

Toutes ces manifestions auront pour but d’augmenter la conscience scientifique, de favoriser l'accès à de nouvelles connaissances et aux observations, de fournir une image moderne de la science et des scientifiques, de soutenir et d’améliorer l'éducation aux sciences, …

À côté de chez vous, il y a sûrement un club d’astronomie ou un observatoire.
Alors, n’hésitez pas à pousser leurs portes, vous y serez bien accueillis et vous pourrez partager leur passion du ciel.
Nul besoin de bases scientifiques, la curiosité est le seul moteur nécessaire.

 

Yves DE ANGELI  
"Arpète toujours" septembre 2009